Julien SABY - Decembre 2000
Ce
premier article que nous avons décidé de publier à
nouveau montre :
- que
Julien SABY voyait juste et que le rugby d'aujourd'hui lui donne
raison quand à l'importance du pressing sans ballon.
- Que
ce type d'opposition a toujours posé des problèmes,
y compris aux meilleures équipes.
- Que
la recherche de placage positif, notamment sur le haut du corps
pour bloquer le ballon et donc la continuité du jeu, voir,
la conservation du ballon n'avait pas échappé à
Julien SABY.
- Que
les Anglo-Saxons ont intégré depuis toujours le
placage dans leur culture rugbystique.
VERTUS
DU PLACAGE
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Novembre
1970: Julien Saby
On
ne peut véritablement pas aborder la saison du centenaire
de la R.F.U. sans effectuer un petit retour en arrière de
quelques semaines et essayer à l'aide de tous les renseignements
recueillis en Grande-Bretagne de tirer des enseignements utiles
de cet événement en vue de l'orientation future du
jeu. Il est certain qu'après la tournée des Springboks
en Europe, l'hiver dernier, la possibilité de gagner les
tests contre les All Blacks paraissait bien limitée et de
l'avis de techniciens avertis, dont Jika Travers qui avait assisté
en Grande-Bretagne à tous les matches importants, tenant
compte de la valeur de l'équipe néo-zélandaise
de ces dernières années, valeur démontrée
sur tous les terrains, il semblait improbable bien que se disputant
en Sud-Afrique donc dans des conditions un peut particulières
(terrain, altitude, etc…) que les All Blacks puissent être
battus dans les tests.
Or,
on a bien été obligé de réviser ces
prévisions puisque comme chacun sait, les Springboks ont
gagné trois tests et perdu celui de Capetown de justesse
(9-8) sur pénalité, donc hors d'action de jeu. Sans
vouloir analyser point par point le jeu pratiqué par les
deux équipes lors de ces tests, ce qui a été
fait plusieurs fois, la constatation unanime a été
que les interventions en défense des Sud-Africains ont été
d'une rare efficacité, avec une rigueur extrême, ce
qui a fait dire par exemple, à Mac Rae que jamais, dans sa
carrière, il n'avait été aussi souvent "au
tapis".
On
a parlé du "plan Claessen". Effectivement, le coach springbock
s'est expliqué à ce sujet, sans toutefois imaginer
des procédés inédits. Mais il a utilisé
avec les joueurs dont il disposait, les principes dont nous avons
parlé depuis longtemps, c'est-à-dire le "pressing"
afin de placer dans le cas momentané de perte de possession,
par une intervention concertée, sur les porteurs de balle,
stoppés au départ, c'est-à-dire chez eux plaçant
la zone de rencontre au delà de la ligne d'avantage et limitant
en deuxième temps l'efficacité du soutien des avants
parce qu'en recul.
Que
les Néo-Zélandais, se soient mal adaptés à
cette forme de jeu, c'est certain, et vraisemblablement ils n'étaient
pas suffisamment préparés à surmonter les difficultés
qui en découlent. Du reste, chez nous, c'est ce qui s'est
passé durant la saison dernière pour quelques grandes
équipes rodées en imposant leur jeu un peu stéréotypé,
mais lors de la phase éliminatoire se trouvant désemparées
devant des nouveaux problèmes posés par un pressing
rigoureux démontrant du reste une incapacité d'analyse
face aux diverses situations de jeu.
LE
SMOTHER TACKLE
Bien
que le "pressing" puisse s'exercer de diverses façons(système
à deux volets par exemple) il faut, bien entendu que les
acteurs soient en possession d'une excellente technique individuelle
et pour ce cas particulier des arrêts les plus sûrs,
ce qui nous amène à reparler du placage et du peu
de temps que l'on réserve à son "fignolage".
En
janvier 1969, nous avions déjà abordé ce sujet
et proposé un moyen de travail parmi tant d'autres. Depuis,
poursuivant notre enquête, nous nous sommes aperçu
que cette préparation, pour diverses raisons valables ou
pas, était toujours négligée d'autant que la
plupart des responsables dans l'établissement des fiches
techniques concernant leurs joueurs sont la plupart incapables de
déterminer la valeur de eux-ci, ce qui amène à
penser qu'ils ne savent pas exactement quels sont : les bons,
les médiocres, les mauvais plaqueurs de leurs effectifs.
Il reste admis toujours que le meilleur plaqueur peut, suivant les
circonstances, manquer son arrêt. Nous pensons qu'il faut
créer un courant de travail qui n'est pas naturel et qui,
suivant les circonstances, doit s'effectuer de façons différentes
suivant que le porteur de la balle doit être stoppé
de côté (droite, gauche), par derrière ou de
face pour bloquer homme et balle ce que les Britanniques appellent
smother tackle.
Or,
il est facile de comprendre tout l'intérêt qu'une équipe
en défense, c'est-à-dire sans ballon, peut retirer
de cette intervention : arrêt de la progression, souvent perte
de la balle de l'attaquent et surtout possibilité de récupération
pour une relance. Pour illustrer ces principes, deux exemples récents
dans les tests en Sud-Afrique : faute de défense des Néo-Zékandais,
Lochore poursuivant Visagie trouant, bras tendu, sans plonger dans
les jambes : essai marqué entre les poteaux, cinq points
capitaux, tournant du match. De même, lors du dernier test,
plaquage percutant de Jansen sur Kember intercalé, balle
perdue, reprise par Roux, relance sur Muller, essai décisif.
Nous espérons que les éducateurs en particulier ceux
qui forment les jeunes joueurs minimes, benjamins, cadets, admettront
que le travail du plaquage a bien sa place dans tout le programme
et que ce n'est pas une tâche mineure que de bien plaquer
selon les normes les plus efficaces. A ce sujet, nos amis Britanniques
apportent à cet entraînement un soin particulier.
LES
BOYS DE MOSNEY
Dernièrement
à Mosney, avec René Deleplace, nous étions
surpris de la qualité des placages chez des jeunes "boys"
de huit à dix ans présents comme "cobayes" pour nos
travaux et qui étaient véritablement des novices.
On sentait qu'on leur avait donné l'esprit du plaquage ce
qui explique qu'un de ceux-ci, ayant manqué sa prise, est
resté accroupi sur le terrain, les larmes aux yeux, par déception.
Voici
quelques procédés utilisés dans la plupart
des "school" : traosavail sur oppnts se déplaçant,
travail sur sac porté par un garçon qui court, travail
en extension sur un sac posé au sol départ d'une ligne.
Ce procédé est appelé "tackling Jack".
Il nous souvient aussi, pour la petite histoire, avoir été
agréablement surpris par la qualité des placages lors
d'un Challenge Michelin, à Clermont-Ferrand, il y a une dizaine
d'années, par des équipes de benjamins et minimes
présentés par le padre Bernès de Valladolid.
Nous avons appris que, depuis, ces jeunes joueurs avaient continué
dans cette voie et constituent actuellement une des meilleures équipes
d'Espagne.
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