Le tableau ci-dessous donne, sur les quatre rencontres étudiées, la répartition, jeu à la main, jeu au pied, des ballons utilisés par Christophe LAMAISON, n° 10 de l’équipe de France.

Coupe du monde Le 4 Novembre 2000 Le 11 Novembre 2000 Le 11 Novembre 2000
France - Australie France - Australie France - Nelle Zélande France - Nelle Zélande France - Nelle Zélande
Jeu au pied 8 5 24 15 29
Jeu à la main 20 23 11 39 27
Total 28 28 35 54 56

Si l'on compare la demi-finale France - All-Blacks de la Coupe du Monde et le test de Marseille gagné lui aussi contre la même équipe, on constate des similitudes qui sont soulignées dans le texte qui suit par Jean DEVALUEZ.

Comparaison entre la victoire des bleus en demi-finale de la Coupe du Monde et celle du dernier test disputée à Marseille.

Il nous a paru intéressant, après la victoire de l'Equipe de France à Marseille sur les All Blacks, de faire un rapprochement entre cette rencontre et celle que les Français remportèrent en demi-finale de la Coupe du Monde 1999 face à ces mêmes adversaires. Quelles similitudes, mais aussi quelles différences peut-on dégager de ces deux événements ?

Sur le plan stratégique et tactique, les Français ont joué en fonction des adversaires, de leurs points faibles et forts ainsi que de leurs propres points forts. Ils ont tenu compte de la réalité et non pas d'un modèle qui fait la part la plus importante au jeu à la main dans le but de donner du spectacle.

Le jeu au pied est une part prépondérante dans cette rencontre, qu'il s'agisse de l'occupation du terrain, du jeu à suivre, des dégagements et des tirs au but (cf. analyse de H. COUPON). Cette façon de faire, claire, précise, évite toutes les fautes provoquées par des joueurs voulant jouer à tout prix à la main sous la pression.

La domination des avants dans les luttes collectives et individuelles, dans le jeu axial a été déterminante, les All Blacks ayant été déséquilibrés, obligés de rester au paquet et donc indisponibles sur l'axe latéral et en couverture. Ce facteur essentiel que représente la domination dans ce secteur de jeu est peu spectaculaire mais particulièrement déterminant dans la réussite.

D'autres facteurs ont permis la victoire française, notamment les réceptions des coups d'envoi et de renvoi qui fournirent autant de munitions bien utilisées.

Dans ce match comme à la Coupe du Monde, les All Blacks dominés, ne purent s'adapter, sauf en deuxième partie de première mi-temps, où la concentration des joueurs français flèchit et où quelques initiatives individuelles se retournèrent contre eux.

Ces deux matches traduisent des orientations justes une conception tournée vers la recherche de l'efficacité et non vers la reproduction de modèles spectaculaires. Ils prouvent qu'en rugby, comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, le spectacle est là à condition qu'on ne le cherche pas. Ils prouvent que l'abandon du jeu au pied était une erreur et que la conservation du ballon a ses limites et ses inconvénients qu'il faut prendre en compte. Le rugby se joue à la main et au pied et il se gagne dans le combat avec le souci permanent d'avancer avec et sans ballon.

A Marseille comme à Twickenham, les joueurs ont fait preuve de maturité, du sens des valeurs, de concentration. Certains joueurs possèdent une vraie culture rugbystique, d'autres ont encore besoin qu'on les leur rappelle, quelquefois sans ménagement, mais là encore les valeurs permirent le succès.

La grande différence que nous avons constaté entre ces deux rencontres se situe précisément au niveau des sources de la motivation. A Marseille comme à Twickenham les joueurs français avaient une très forte envie de vaincre et de s'engager, de rester concentrer, de respecter les décisions prises avec toutefois vraisemblablement, une peur toujours justifiée lorsqu'on va rencontrer une équipe au passé mythique. C'est ce mélange de confiance et de peur qui donne un caractère passionnant à l'aventure et qui procure à beaucoup de joueurs un sentiment de plaisir très fort.

On retrouve en réalité dans ces deux rencontres les mêmes ingrédients, à savoir des valeurs solides, de l'intelligence, de la précision, une très bonne condition physique.

Il reste à consolider tout cela, en sachant que les joueurs ont un très gros défaut, celui d'oublier très vite l'essentiel, et de toujours retomber dans les errements passés.

Quand une véritable culture rugbystique sera ancrée en eux, depuis le plus jeune âge, alors on sera véritablement capable de battre l'Hémisphère Sud dans la durée. Il reste encore du chemin à parcourir.

 


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