ARTICLE DU MOIS DE DECEMBRE 2000

Henri COUPON.

Professeur EPS à la retraite, il fut successivement JOUEUR ENTRAINEUR ARBITRE Conseiller Technique Régional des Alpes, Animateur des stages fédéraux nationaux.

Il continue toujours à réfléchir sur le rugby et à apporter sa réflexion au site dédié à la mémoire de celui qu'il considère comme son maître à penser.


A l'occasion de la Coupe du Monde de 1999, nous avions fait une étude comparative de l'utilisation de la balle par le demi d'ouverture français en demi-finale et finale. Nous avions constaté une grande différence de comportement.

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Le calendrier international nous offre la possibilité de refaire la même étude avec les mêmes équipes et le même demi d'ouverture.

Dans les mêmes conditions d'analyse, le relevé statistique fait ressortir :

MAINS
PIED
France-Australie ( 4 Nov 2000 ) 39 Up Under Profondeur Touche Passe Drop Total
2 7 4 1 1 54
France-Nouvelle Zélande ( 11 Nov 2000 ) 23 2 3 - 1 - 28

Deux situations assez différentes, mais précisons que pendant la deuxième mi-temps de France-Nouvelle Zélande du 11 novembre aucune action au pied en cours de jeu n'a été tentée par le demi d'ouverture. C'est peut-être la conséquence du pressing adverse, mais aussi de l'intervention fréquente du trois-quart aile côté fermé qui venait en premier attaquant à la place du demi d'ouverture.

Par contre, avec les pénalités, les transformations et les mises en jeu, la sollicitation en jeu au pied a été relativement importante.

Le tableau suivant nous montre une certaine constance dans la fréquence.

France-Nouvelle Zélande France-Australie
Coupe du monde 21 22
Paris Novembre 2000 26 20

En ce qui concerne l'efficacité, il faut remarquer qu'au cours du dernier France/Nouvelle Zélande, aucune mise en jeu au centre n'a pu être récupérée par les Français. Les All Blacks semblent particulièrement organisés pour récupérer ces balles lorsqu'elles sont placées juste au delà des 10 m.

Répétons que le jeu au pied doit être aussi précis que le jeu à la main, il

doit permettre - à un partenaire de continuer l'action dans une zone où il pourra arriver le premier, - au botteur de bénéficier des mêmes avantages, - le placement du ballon en profondeur pour faire reculer l'adversaire, - l'obtention d'une touche en cas de situation délicate.

Le fait de botter en profondeur, mais dans les mains de l'adversaire risque souvent de vous faire reculer. C'est ce qu'on appelle le gagne-terrain.

A ce comportement, qui a amené le relevé de ces statistiques, il faut ajouter l'action en défense et la participation aux regroupements, conséquence de la nécessaire polyvalence des joueurs.

Et puisque nous sommes lancés dans les statistiques ; il est intéressant de rechercher, au cours de ces deux dernières rencontres l'habileté dans le maniement du ballon et le respect des règles. Nous avons donc cherché le nombre de joueurs qui touchaient la balle et les fautes qui en découlaient, ainsi que le nombre de pénalités subies. Ce sont deux paramètres qui influencent le rendement de l'équipe.

Balles jouées Balles perdues
En avant Pénalités Total
France

Australie

France

Nouvelle Zélande

197

145

129

100

20

6

15

8

14

14

11

13

34

20

33 dont 7 balles perdues

22 dont 1 touche perdue

Il ressort de ce tableau que si les pénalités sont à peu près équivalentes, le maniement de la balle laisse beaucoup à désirer du côté français.

Si nous touchons plus de balles que l'adversaire, les séquences d'utilisation sont beaucoup plus courtes.

Peut-être les joueurs devront-ils admettre que comme dans tout numéro de cirque ou de musique, la répétition des gammes est une exigence du haut niveau. Rien n'est jamais acquis, tout doit s'entretenir. Et par conséquent au plus on veut évoluer dans un niveau élevé au plus la quantité de travail technique doit être grande. Car, quelle que soit la valeur de l'action menée, si les participants ne sont pas aptes au plan technique elle ne réussira jamais.

Reprenons, avec la dernière rencontre France-Nouvelle Zélande de Marseille, notre analyse statistique du jeu du demi d'ouverture.

Nous avons noté un total de 77 actions avec la balle en main, qui se décomposent en :

27 passes - 29 coups de pied (7 Up and under) - 11 coups de pied en profondeur - 6 coups de pied en touche - 3 passes au pied - 3 drops) - 21 actions de remise en jeu (envois - renvoi - pénalités en touche - tirs au but).

C'est un volume beaucoup plus important que dans les parties précédentes. De plus, la précision du jeu au pied a été bonne, mettant souvent les néo-zélandais en difficulté. Ce qui a permis à la totalité de l'équipe de se réorganiser pour répondre à l'action adverse. Chaque joueur, connaissant le rôle de la place qu'il occupe au moment précis du coup de pied, la couverture défensive du terrain était assurée.

Si nous analysons le nombre de balles jouées et le nombre de balles perdues, nous retrouvons curieusement le même nombre de balles jouées au cours de France - Australie : 197. Mais, beaucoup moins de balles perdues : 20 (au lieu de 34) qui se décomposent en : 8 en avants, 10 pénalités, 2 touches perdues.

Du côté néo-zélandais, nous notons : 180 balles jouées et 18 perdues - (4 en avant - 12 pénalités - 2 touches perdues).

En conclusion, nous dirons :

  • que l'intensité du match a été très grande, plus de balles jouées, moins de fautes, donc moins d'arrêts,
  • que le rôle du demi d'ouverture est très important par sa vision du jeu, par la précision et la justesse de son jeu au pied,
  • que la discipline de l'équipe pour répondre aux consignes, aux actions et pour respecter le règlement est essentielle. Cela constitue les conditions de base de la réussite d'une équipe.

A Biviers, le 14 Novembre 2000.

H. COUPON.

 

 


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